jeudi 8 décembre 2011

Rapport OIP - Le Parisien Un rapport accablant sur les conditions de vie des détenus‏





L'Observatoire international des prisons dresse dans un rapport un bilan peu reluisant de l'évolution du monde carcéral français



Pour l'Observatoire international des prisons, la réforme pénitentiaire de 2009 n'a pas apporté 
les progrès escomptés.


Peu d'améliorations, et encore beaucoup de progrès à faire. Pour la première fois depuis six ans, l'Observatoire international des prisons (OIP) publie ce matin un rapport sur la situation des détenus en France, dont nous dévoilons les détails. Au-delà du nombre record de prisonniers (plus de 64 000) « qui atteint des niveaux historiques », l'association épingle la réforme pénitentiaire de 2009, « qui n'a pas apporté d'avancée majeure » dans le respect des droits des détenus. Pour illustrer son enquête, l'OIP a recueilli la parole de prisonniers qui témoignent de leurs conditions devie. Extraits.

Santé

Le rapport déplore l'insalubrité des prisons françaises : la prévalence de la tuberculose y est dix fois plus élevée qu'à l'extérieur. Cité dans l'enquête, un détenu de Fresnes a dû saisir son avocat pour faire désinfecter sa cellule, envahie de puces qui provoquaient « des lésions cutanées avec démangeaisons ». Toujours à Fresnes, un détenu en fauteuil roulant s'est plaint de l'absence répétée de son auxiliaire de vie :« Je ne peux compter sur personne pour m'aider à rejoindre les WC à l'instant précis de mes besoins. Je croupis », raconte-t-il. L'accès aux soins pour les détenus pose également un problème : « Je suis en attente d'un rendez-vous à l'hôpital de Creil depuis plus d'un an », témoigne un détenu de Liancourt.

Travail

En raison de la faiblesse de l'offre, seuls 24 % des détenus travaillaient en 2010. « Des privilégiés », note le rapport, qui pointe pourtant des conditions « dignes du XIXe siècle » pour un salaire moyen de 318 € par mois à temps plein. « Je fais du ménage vingt heures par mois pour 150 € », relève un détenu. Le droit du travail est rarement respecté. « Mon job consiste à mettre des épingles dans des sachets, vingt par jour. Pour y arriver, nous travaillons les jours fériés et les weekends. C'est interdit, mais la direction ferme les yeux», soupire un prisonnier.

Discipline

Les auteurs du rapport regrettent la survivance des quartiers disciplinaires (le fameux « mitard ») dont la durée maximale de séjour est passée de quarante-cinq à trente jours. Une « timide évolution ». Enfermé en cellule disciplinaire, un prisonnier raconte : « Il n'y a pas de fenêtre, pas de matelas, pas d'eau courante, il n'y a rien. » La promenade quotidienne s'y effectue toujours dans une pièce fermée. « Ici, au mitard, nous sommes des hommes mais à moitié », considère un détenu.

Malgré des politiques de prévention, le nombre de suicides reste identique avec un passage à l'acte tous les trois jours, et une moyenne de 14 suicides pour 10 000 personnes détenues. Le rapport préconise de « restaurer la personne dans sa dimension d'acteur de sa vie » plutôt que de se focaliser « sur le geste suicidaire » en lui-même. « Le motif, c'est parfois la peur de passer au tribunal, la peur d'être condamné à des années et des années de prison, une femme qui s'en va, ou simplement le sentiment d'être incompris », analyse un ancien prisonnier. « Durant l'hiver 2010, l'un de mes codétenus s'est suicidé, j'ai dû moimême le décrocher, raconte un prisonnier. Le jour même, la direction de l'établissementm'a demandé de rester dans la même cellule [....]. Naturellement, cela a été extrêmement difficile pour moi de la réintégrer. »