jeudi 8 décembre 2011

La Croix / Un rapport dénonce l’augmentation des violences en prison‏



Un rapport dénonce l’augmentation des violences en prison
Dans son état des lieux annuel, l’ Observatoire international des prisons estime que rien n’est fait pour un règlement pacifique des tensions.
Il y a d’abord un constat inquiétant : la montée des violences en milieu carcéral. Les agressions contre le personnel sont marquées par une hausse régulière : 3 187 en 2010, contre 2 107 en 2008 (1). La tendance est la même pour les agressions entre détenus : 7 825 en 2010, contre 7 516 agressions en 2008. Les mouvements collectifs augmentent eux aussi, passant de 712 en 2008 à 833 l’an dernier.
« Considérer que la violence en prison n’est que le reflet de ce qui se passe dehors, notamment des cités d’où proviennent souvent les détenus » relève du déni »,estime l’Observatoire international des prisons ( OIP)dans son état des lieux annuel. Pour l’organisation, la cohabitation forcée, la promiscuité en cellule, la pauvreté relationnelle y contribuent également. 
Mais ce n’est pas tout. « Tout est fait pour séparer les détenus, pour les maintenir dans une distance de protection » par rapport aux personnels. Au final, « le renforcement des dispositifs sécuritaires inscrit les relations dans un rapport de forces permanent », constate le rapport.
Des dispositifs que l’OIP passe au crible. À commencer par les budgets consacrés à la sécurisation des prisons, en augmentation de 43 % entre 2007 et 2009. 

« Humanisation des rapports sociaux »

Ainsi, 66 millions d’euros ont été consacrés à la mise aux normes des miradors, à l’installation de filins anti-hélicoptères, à l’installation de dispositifs de reconnaissance biométrique, à la vidéosurveillance, etc. Un effort financier équivalent à « deux à trois fois les moyens actuellement dédiés au déploiement du bracelet électronique », déplore l’organisation.
C’est plus encore le recours fréquent au mitard (68 % des sanctions prononcées), ou le placement à l’isolement que dénoncent les auteurs du rapport. L’OIP conteste l’effet dissuasif de tels dispositifs. Plus grave, l’organisation considère qu’une telle approche de la sécurité « fait naître plus de risques que ceux qu’elle vise à prévenir » . Elle en appelle à une « humanisation des rapports sociaux », meilleur moyen de prévenir les tensions.
Un rapport qui ne manquera pas d’être commenté et critiqué par l’administration pénitentiaire. Ses auteurs ont toutefois pris le soin de citer abondamment le contrôleur général des prisons, la Cour des comptes ou encore le Comité européen pour la prévention de la torture, autant d’institutions dont les conclusions sont en général peu contestées.
(1) Il s’agit des agressions sans interruption temporaire de travail (ITT).
MARIE BOËTON