vendredi 4 janvier 2019

La nouvelle maison d’arrêt de la santé, à Paris .... une occasion manquée ....



La maison d’arrêt de la santé, située en plein centre de Paris, dans le 14e arrondissement, ouvrira, ou plutôt, refermera ses portes sur de très nombreux détenus, à partir de lundi prochain.
Durant 4 années, les anciens bâtiments, on, pour l’essentiel, été démolis pour reconstruire, à leur place, de nouveaux bâtiments flambant neufs.
L’occasion était rêvée pour, enfin, mettre la France en conformité avec la jurisprudence de la cour européenne des droits de l’Homme et prévoir des cellules, certes pour plusieurs détenus puisque la règle de l’encellulement individuel est, hélas, bel et bien une chimère, mais d’une taille suffisante pour que chaque personne incarcérée dispose d’un minimum de 3 m² pour aller venir dans la cellule, abstraction faite de l’emprise des meubles et des équipements de la cellule.
Rappelons que la France a été condamnée par la cour européenne des droits de l’Homme , à raison de l’indignité de ses conditions d’incarcération, la juridiction de Strasbourg, dans l’arrêt condamnant la France, ( Canali) ayant posé le principe évoqué ci dessus, relatif à la surface disponible de 3 m2 au dessous de laquelle les personnes détenues subissent un traitement inhumain et dégradant au sens  de l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme.

Or, les photos diffusées par l’administration pénitentiaire, afin de tenter de démontrer à quel point elle est soucieuse du bien-être des personnes détenues, nous montrent des cellules dont il est dit que la surface a été « augmentée à 9 m² ... au lieu de 6 m² »pour les anciennes cellules, certes dotées d’un téléphone, d’une douche et de toilettes en leur sein, mais d’une taille bel et bien microscopique puisqu’il est possible de constater qu’elles sont d’ores et déjà prévues pour deux personnes, au vu des deux lits superposés.
Il est d’ores et déjà certain que les personnes qui seront détenues dans ces cellules ne disposeront pas, chacune, de 3 m² pour aller et venir en leur sein.

En agissant ainsi, l’administration pénitentiaire a créé un établissement pénitentiaire comparable au centre pénitentiaire de Baie Mahault, en Guadeloupe, lequel a été ouvert au début des années 90, initialement, très moderne mais qui, sous l’effet conjugué du climat et de la surpopulation carcérale, s’est considérablement dégradé au point que le tribunal administratif de la Guadeloupe condamne régulièrement l’Etat au vu des conditions de détention particulièrement indignes.
Certes le climat parisien n’est pas le climat de la Guadeloupe, mais les conditions sont d’ores et déjà réunies pour que ces cellules, ultramodernes mais totalement inadaptées pour plusieurs détenus (gageons que, rapidement, il y aura des matelas au sol) se dégradent également très rapidement.
Il y a donc une occasion manquée pour le ministère de la justice qui aura, avant tout, cherché à construire un nombre maximum de cellules, prévoyant ainsi un accroissement de la population carcérale qui atteint déjà des records, Rappelons que le chiffre de 70 000 est dépassé depuis plusieurs mois et que le prochain objectif de 71 000 n’est aucunement chimérique.