mardi 25 décembre 2012

Petite réaction suite à une interview de Noël

Ce matin interview par France culture pour les journaux de demain matin : c'est inouï de voir a quel point les journalistes qui me demandent quelles sont les répercussions des condamnations de l'état à raison des conditions de détention oublient que le premier effet est la restauration de la dignité des personnes détenues qui obtiennent une telle condamnation restauration de leur image face a la pénitentiaire revanche sur une administration a laquelle elles sont soumises H24 ça, c'est la première conséquence avant tout ! Et c'est la l'essentiel : les personnes détenues exercent leur propre contrôle et présentent la facture a l'état !

lundi 24 décembre 2012

Le Mouv' ce matin : Gilles Vervisch, philosophe; humanité/inhumanité ?


L'inhumanité procède de l'Homme, elle fait partie de sa nature "c'est très humain, d'être inhumain..."dit Gilles Vervisch. L'idéal de l'Homme, c'est de tendre vers l'humanité...rude tâche !

http://www.lemouv.fr/diffusion-facon-de-penser-167

vendredi 14 décembre 2012

Hier soir sur France 2 "Envoyé Spécial" ...



Alors que le contrôleur général des lieux de privation de libertés alerte les pouvoirs publics de la situation intolérable de la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille, une équipe d’Envoyé Spécial a enquêté sur la révolte silencieuse menée par les détenus.
Depuis plusieurs années leurs avocats gagnent leurs combats devant les tribunaux. L’Etat français a été condamné à indemniser près de 300 détenus pour non respect de la dignité humaine. Le mouvement a commencé à Rouen et s’étend en Métropole mais aussi Outre-Mer. Une dizaine d’établissements ont déjà fait l’objet de condamnations. Comment ces prisonniers et leurs avocats ont-ils obtenu gain de cause ? Que disent-ils de leurs conditions de détention : insalubrité des cellules, violence liée à la surpopulation carcérale ? A Rouen mais aussi à Nouméa nos reporters ont pu recueillir des témoignages et des photographies exclusives de l’intérieur de cette prison qualifiée par certains magistrats et avocats de « bagne post-colonial ».

http://envoye-special.france2.fr/les-reportages-en-video/mutinerie-silencieuse-en-prison-13-decembre-2012-4706.html

Dernier jour d'un condamné...par Florence AUBENAS



Condamné en 1975 pour un braquage puis auteur de plusieurs évasions, Philippe El Shennawy a passé trente-sept ans en prison. Mercredi 12 décembre, le tribunal de Versailles a estimé qu'il devait purger encore trois ans. Dans la nuit, il a tenté, en vain, de se donner la mort
Neuf heures du matin, c'est l'heure où les décisions de justice commencent à tomber dans les greffes des prisons. Philippe El Shennawy a attendu ce moment toute la nuit dans sa cellule, à la maison centrale de Poissy (Yvelines). Il connaît par coeur la manière dont les choses se passent en détention : cela fait trente-sept ans qu'il y vit. Il déteste en parler. Il ne veut raconter que des choses du dehors. Mozart. La Callas. Les ordinateurs, sa passion. Un gin tonic à la terrasse d'un café. Il a mis toutes ses forces dans une procédure compliquée qui va lui permettre - espère-t-il - de sortir bientôt en liberté conditionnelle. Il n'a jamais tué personne. Il a 58 ans. Il pense tenir sa dernière chance d'une vie en liberté. Il a déjà annoncé qu'il se tuerait si ces démarches n'aboutissaient pas, ou duraient trop longtemps. Tout le monde le sait, son avocate, les juges, l'administration pénitentiaire, la presse, la chancellerie. Ce mercredi 12 décembre 2012, le prisonnier va au greffe chercher sa décision, d'un pas posé, habillé avec élégance. El Shennawy redoute par-dessus tout la pitié.
Ce jour-là, il lui est impossible de ne pas penser à Taleb Hadjadj. A vrai dire, El Shennawy y pense presque chaque jour. Ils ont été arrêtés ensemble pour " l'affaire de la rue de Breteuil ", en 1975, 6 millions de francs raflés à une banque avec prise d'otage, une des premières en France. Le fameux commissaire Broussard, qui vient de créer la brigade de répression du banditisme, y voit l'occasion de sa première action d'éclat. Il n'y a pas de victime, heureusement, mais la course-poursuite vire au grotesque pour les policiers : les voleurs se volatilisent avec les millions, toujours pas retrouvés à ce jour. Devant la cour d'Assises de Paris, en 1977, El Shennawy et Hadjadj comparaissent côte à côte, inséparables, beaux, drôles, avec leurs lunettes de soleil. Ils font des coups, dont ils parlent joyeusement, le cambriolage en maillot de bain d'un bureau de poste à Bandol (Var), par exemple, l'argent caché dans leur serviette éponge. Ils ont 20 ans.
Pour la rue de Breteuil, ils vont être acquittés, ils en sont sûrs : El Shennawy a un alibi, il était au consulat d'Egypte ce jour-là. Ils prennent perpétuité. Le commissaire Broussard, qui ne tient pas à voir l'affaire lui échapper une seconde fois, les a accablés dans sa déposition.
Etiquetés " détenus particulièrement surveillés ", El Shennawy et Hadjadj sont trimballés de prison en prison, parfois plus de six fois par an " pour des raisons de sécurité ". C'est toujours la même scène, une escouade de surveillants leur saute dessus par surprise, les capture comme des animaux pour les amener en fourgon à l'autre bout de la France. Ils apprennent à marcher en public les fers au pied. Dans ces moments-là, El Shennawy ne pense qu'à une chose : continuer à regarder les autres dans les yeux.
Ils sont seuls en cellule, avec le droit de rien, ni travail ni vie collective. Ils refusent les fouilles intégrales, pour laquelle la France est aujourd'hui régulièrement condamnée devant les tribunaux. La plupart de leur temps se passe au cachot disciplinaire. Ils lisent Balzac et Kant. Ne portent que du parfum Hermès, parce que c'est le dieu des voleurs. Le philosophe Michel Foucault, très engagé dans la cause des prisons, correspond avec eux.
En vérité, Taleb Hadjadj supporte mal la détention. Au bout de cinq ans, en 1980, il se suicide au quartier disciplinaire de Saint-Maur. " Tout a eu lieu dans le silence d'une nuit ordinaire, raconte un de ses voisins de cellule. Comme les passages à tabac, la mort de Taleb s'est inscrite dans la routine. Chaque surveillant faisait son boulot, je pense qu'on n'essaya même pas de le ranimer. " Au petit matin, le même voisin entend " le bruit plaintif du chariot utilisé habituellement pour servir la soupe. On y mit le corps de Taleb. Plus tard, ce qui se trouvait dans sa cellule fut placé devant sa porte, sur une serpillière ".
Certains surveillants aiment railler El Shennawy sur la mort d'Hadjadj. " On va te mettre dans la cellule où ton copain est mort. Ça te donnera des idées ", lui annonce un gardien, pendant un transfert à Saint-Maur (Indre). La différence entre les deux inséparables, c'est que El Shennawy veut vivre. C'est même ce qui le caractérise.
Trente ans plus tard, en cet automne 2012, il est debout au parloir de Poissy, ravi parce qu'une infirmière vient de lui dire qu'il ne paraissait pas son âge. C'est un jour d'euphorie, il y a même un rayon de soleil. Il se dit que sa " procédure de la dernière chance " va aboutir. " Je vais sortir. Je n'ai jamais perdu l'espoir, c'est ce qui m'a fait tenir. " Il parle du livre qu'il écrira, dehors, sur Taleb, " pour qu'il ne soit pas mort pour rien ". Dans le parloir à côté, un couple fait l'amour avec tapage. Un gardien arrive. Le détenu l'engueule. " Tu viens voir le cul de ma femme ? " El Shennawy continue comme s'il était dans le bar d'un grand hôtel : " Pendant tout ce temps, je ne me suis jamais senti détenu. "
En fait, El Shennawy a quelque fois connu la liberté durant ces trente-sept ans : près de quarante mois, morcelés en de lointaines occasions, toujours manquées. Il y a cette liberté conditionnelle balayée pour un week-end à Paris en 1991, alors qu'il y était interdit de séjour. Ou la permission de deux jours, dont il ne rentre pas, en 2002. Il est déjà à plus de vingt-cinq ans de détention. Quand il est rattrapé, il ne donne pas de raison. A qui expliquer qu'il n'arrive plus, physiquement, à retourner en prison ? Il y a aussi, en 2004, l'évasion de l'hôpital psychiatrique de Montfavet (Vaucluse), où il a été placé pendant une de ses grèves de la faim pour un ordinateur confisqué. Là-bas, comme il refuse de manger, on l'attache sur un lit. On le nourrit par une sonde de médicaments et de bouillie. Ça dure des jours et des semaines. Il finit par accepter une assiette, avec ce sentiment d'avoir plié, pour la première fois. Il prend trente kilos. Ne se lève plus. Quand il s'évade, un infirmier le voit se " traîner dehors comme un animal à bout ". Pas question pour lui de se présenter dans cet état devant Martine, la femme de sa vie. Sa cavale se passe en heures de sport, désintoxication, un ou deux braquages à quelques milliers d'euros pour vivre. Redevenir lui-même l'obsède. Le jour de la Saint-Valentin, il débarque chez Martine avec des fleurs. C'est là qu'il est arrêté. Dans le langage de l'administration pénitentiaire, tout cela s'appelle " gâcher ses chances ". Pour Montfavet, il est condamné à une période de sûreté de seize ans, c'est-à-dire sans libération possible avant 2018. Ces sanctions-là portent un nom, les peines d'élimination.
Cet été, El Shennawy a décidé de se laisser mourir de faim. Le directeur de Poissy, très investi, s'inquiète. Il commence par lui enlever son étiquette de " détenu particulièrement surveillé ", qu'il trimballait depuis l'affaire de la rue de Breteuil, puis pousse sa candidature pour un boulot dont il rêve, dans l'informatique. Une requête en relèvement de sa période de sûreté est entamée en urgence : la fameuse démarche de la dernière chance. D'autres détenus l'ont décrochée. Nouvelle garde des sceaux, Christiane Taubira multiplie les déclarations contre le tout-carcéral. Les voyants semblent au vert. El Shennawy arrête sa grève de la faim.
L'expert psychiatre ne le trouve ni dangereux ni fou, plutôt d'une intelligence supérieure, peut-être énervant dans sa manière de " toiser les autres du regard ", qui exaspère la plupart des surveillants. Son rapport conclut qu'aucun " suivi médical n'est nécessaire en cas de sortie " et ces derniers mots résonnent comme le bruit des clés aux oreilles d'El Shennawy. L'association Ban public lui a promis un emploi - dans l'informatique -, critère décisif pour une conditionnelle.
Désormais, son avocate recommande le silence : la médiatisation incommode les juges, les met sous pression. Même à El Shennawy, on conseille d'arrêter de répéter partout qu'il se tuera si l'attente excède une année. " On va croire que vous faites du chantage ", lui dit un cadre de la pénitentiaire à Poissy. El Shennawy proteste : mais il faut toujours dire ce qu'on pense, non ? Et le cadre, éberlué, regarde soudain le prisonnier : " Vous êtes vraiment fleur bleue, vous. "
En novembre, l'audience se passe sans heurt. Avec Martine, ils parlent interminablement du résultat, attendu le 12 décembre. Quel sens cela aurait-il de le maintenir en détention quelques années de plus alors qu'il a fait trente-sept ans ? El Shennawy a déjà plusieurs baccalauréats, deux CAP, une maîtrise d'histoire sur le haut Moyen-Age. A presque 60 ans, on l'a à nouveau inscrit, en pâtisserie cette fois. Pas tellement pour son CV à lui, plutôt celui de la pénitentiaire. Comme il réussit tous les diplômes, il fait grimper les statistiques.
Ces derniers jours, El Shennawy ne quittait plus sa cellule. Il avait commencé à distribuer ses habits, répétant qu'il n'en aurait plus besoin, quoi qu'il arrive. La veille, du jugement, il s'était coupé les cheveux, seul devant sa glace.
Il doit être plus de 9 heures, le 12 décembre, au greffe de Poissy, quand un surveillant explique à El Shennawy que la décision n'est pas encore arrivée. Son avocate est en déplacement. Il revient au greffe en fin de matinée. Puis à nouveau en début d'après-midi. Un gardien, qui l'aime bien, finit par lui glisser : " Ils te laissent encore trois ans dedans. " Quand El Shennawy reçoit la notification, il dit : " Je signe mon arrêt de mort. "
Sur son compte de prisonnier, il reste 3 euros. Il achète du crédit-téléphone pour dire adieu à Martine. " Il n'y a qu'une seule manière de donner un sens à tout cela. Ceux qui m'aiment comprendront. " El Shennawy a pris une douche très très chaude. Dans sa cellule, il a mis Mozart, s'est récité à nouveau la lettre laissée par Taleb trente ans plus tôt :" Il me reste entre quatorze et dix-huit ans à faire. Toutes ces années à vivre quand au bout de cinq ans je n'en peux plus. Je n'ai pas assez de courage ou de lâcheté pour résister. " Il est bientôt 23 heures Au petit jour, il est évacué en ambulance.
Florence Aubenas
© Le Monde

L'Observatoire international des prisons demande que le cahier des charges des nouvelles centrales construites avec un partenariat "public-privé" soit "entièrement revu".




Riom (Puy-de-Dôme), Valence (Drôme) et Beauvais (Oise) : trois villes qui doivent accueillir, en 2015, un nouvel établissement pénitentiaire flambant neuf.
Ils remplaceront sept établissements vétustes : deux à Riom et un à Clermont-Ferrand, Valence, Beauvais, Compiègne et Liancourt (Oise). Pour pouvoir les fermer au plus vite, le ministère de la Justice explique jeudi 13 décembre s'être résolu à conserver, pour ces trois nouvelles prisons, le mode de financement du "partenariat public-privé" (PPP).
Prévu par la précédente majorité, il permet à l'Etat de recourir à l'investissement privé en contrepartie d'un loyer. Jugé trop coûteux, il a fait l'objet de vives critiques de la part de... la ministre de la Justice elle-même. Christiane Taubira estimait en effet en juin qu'il n'était "pas acceptable" car il "engageait l'Etat sur au moins deux générations pour échapper à des crédits aujourd'hui". 
"C'est absurde et extrêmement décevant" réagit l'avocat et secrétaire national de l'OIP (Observatoire international des prisons) Etienne Noël. "On pare au plus urgent avec des solutions de bricolage qui vont alourdir l'endettement de l'Etat sur des dizaines d'années."
Un caractère d'urgence effectivement mis en avant par le ministère de la Justice pour justifier sa décision. La recherche d'une maîtrise d'ouvrage publique aurait pris trop de temps. Le ministère précise toutefois que le partenariat public-privé a également été conservé "pour des raisons sanitaires et de dignité." Une décision qui laisse plus que sceptique Barbara Liaras, en charge de la revue "Dedans Dehors" pour l'OIP, qui s'est particulièrement penchée sur les "nouvelles prisons". Dont une partie de la gestion est dans la grande majorité déléguée au privé.

"Plus les prisons sont grandes, plus le niveau de violence est élevé"

"Nous ne sommes pas vraiment surpris par cette annonce, car nous savions dès juillet que le partenariat public-privé était maintenu" note Barbara Liaras. Mais si elle "peut comprendre" que l'Etat "soit soumis à des engagements financiers", elle souhaite que "soit entièrement revu le cahier des charges" de ces nouveaux établissements.
"Le cahier des charges de ces établissements est établi par l'administration pénitentiaire, qui transmet aux prestataires privés ce qu'elle souhaite mettre en oeuvre". Elle dénonce d'abord la taille des établissements. Selon le journal "La Croix", celui de Riom pourrait recevoir 554 détenus, Valence 456, et Beauvais 594.
"Plus les prisons sont grandes, plus le niveau de violence est élevé et compliqué à contenir." L'architecture, explique-t-elle, conduit également à appliquer à tous des mesures de sécurité maximales, "quand seule une partie des détenus en a besoin, si tant est qu'elle en ait réellement besoin."
Des mesures qui se traduisent par un renfort de miradors, barbelés et caillebotis aux fenêtres, c'est-à-dire des grillages en plus des barreaux. Qui "réduisent considérablement la visibilité." Barbara Liaras ajoute que les nouvelles prisons sont conçues pour limiter au maximum les relations entre détenus, entre surveillants, et entre détenus et surveillants. "Tous les mouvements sont segmentés par des grilles, des sas... Sans compter la multiplication du recours au système électrique de surveillance, d'ouverture des portes,..."
Celle qui s'est entretenue avec des détenus et du personnel d'établissements récents rapporte un constat similaire des deux côtés : "les détenus se sentent plus seuls, les surveillants aussi. Ils dialoguent moins, se connaissent moins. D'où des tensions plus fortes." En gestion publique, poursuit-elle, un surveillant peut lui-même changer une ampoule grillée. "Pas en privé, où il doit transmettre une demande. Si elle n'aboutit pas rapidement, le surveillant ne peut que répéter au détenu qu'il a transmis sa demande."
Parmi les critiques les plus récurrentes sur les établissements financés en partenariat public-privé figurent en bonne place les prix des produits de la "cantine". "Dans le public, un vrai effort a été fait sur les tarifs, permettant de proposer aux détenus des prix tout à fait honnêtes" rappelle Barbara Liaras. En comparant les prix entre public et privé, elle a constaté des écarts très importants : "200 grammes de Chicorée coûtent 33 centimes dans le public, et peuvent monter jusqu'à 2,88 euros dans le privé."

"Proposer à chacun un suivi individualisé"

L'OIP souhaite que la ministre "mette en œuvre sa politique pénale" dont il ne "voit pas les effets pour l'instant", et qu'elle développe des peines non carcérales, de probation, comme les mesures de suivi, l'accompagnement en milieu ouvert,... "Il ne s'agit pas d'être laxiste, mais de proposer à chacun un suivi individualisé, adapté en fonction du délit et de ses besoins." Ce qui réduira "le flux et le nombre de personnes détenues". Alors pourra-t-on "commencer à réfléchir au temps de détention" et se poser la question suivante : "que faire pour que cette personne sorte de la délinquance ?"
Par  Le Nouvel Obs.fr

lundi 3 décembre 2012

Verdict accablant pour la prison des Baumettes



Marseille . Pour le Contrôleur des lieux de privation de liberté, l’établissement viole les droits de l’homme.
C’est une procédure exceptionnelle que le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) n’avait jusque-là utilisée qu’une fois. Jeudi, pour la deuxième fois, il publiera au Journal officiel des«recommandations en urgence» concernant les Baumettes de Marseille, en raison d’une «violation grave des droits fondamentaux», de traitements inhumains et dégradants. Installé depuis septembre 2008, le Contrôleur général visite en moyenne 150 lieux par an (prisons, locaux de garde à vue et de rétention, geôles, dépôts, établissements de santé, centres éducatifs fermés).
Urgence. Les visites, inopinées dans les trois quarts des cas, durent en moyenne quatre à cinq jours et mobilisent généralement trois à cinq personnes. A l’issue, Jean-Marie Delarue, Contrôleur général pour six ans, fait connaître ses observations aux ministres concernés. Ils répondent, puis un rapport est rédigé, quelques mois après la visite. Il existe aussi une procédure d’urgence, lorsque des atteintes graves aux droits fondamentaux sont constatées. Le Contrôleur signale alors rapidement ses observations aux ministres en leur fixant un délai rapproché pour répondre.
S’il constate qu’il n’a pas été mis fin aux violations constatées (aux Baumettes ce serait difficile en si peu de temps), il publie ses recommandations en urgence au Journal officiel. Il avait utilisé cette procédure pour la première fois l’an passé, pour une prison de Nouméa. La situation sur place, constatait-il, «dépasse l’entendement». Un an plus tard, vingt membres des équipes de Jean-Marie Delarue ont passé deux semaines aux Baumettes, du 8 au 19 octobre 2012. Un investissement exceptionnel, pour une prison qui passe pour être l’une des plus dégradées de France.
Délai. Parmi les institutions qui ont déjà alerté sur son état, le Comité européen pour la prévention de la torture et le commissaire européen aux droits de l’homme, qui parlait en 2005 d’un «endroit répugnant» (lireLibération du 22 septembre 2005). Cela n’a pas beaucoup changé depuis et après l’inspection du mois dernier, le Contrôleur général a communiqué à Christiane Taubira, garde des Sceaux, et Marisol Touraine, ministre de la Santé, ses recommandations. Elles avaient trois semaines pour lui répondre. Le délai s’achève demain. Jeudi, Jean-Marie Delarue publiera ses recommandations, et tiendra une conférence de presse pour les rendre publiques.