Je reçois quasi quotidiennement de tels témoignages émanant de personnes détenues pour des infractions à caractère sexuel; celui-ci est unique par le nombre de signataires, pour plusieurs raisons:
D'une part, parce que, précisément, il provient de ce type de personnes détenues qui, habituellement, sont très isolées, ne cherchant pas à faire parler d'elles, de crainte de représailles de la part de leurs co détenus, incarcérés pour d'autres types d'infractions; par exemple, les braqueurs constituent le "dessus du panier", le "gratin" et, à l'autre bout de l'échelle, se situent les personnes détenues pour des infractions sexuelles, autrement dit : les "pointeurs" auxquels une vie d'enfer est promise ! Or, ici, ils osent parler ! c'est dire le désespoir qui doit être le leur !
D'autre part, parce qu'une pétition, en détention, constitue une faute disciplinaire ! pas d'expression collective des personnes détenues, c'est interdit ! A quel titre ?
Le Conseil d'Etat a eu raison lorsque dans ses deux arrêts du 17 décembre 2008, il a jugé que les personnes détenues pouvaient être considérées comme vulnérables de par leur total assujettissement à l'administration pénitentiaire !
Je ne comprendrai jamais cette hiérarchie, issue directement du monde pénitentiaire ; toutes les personnes détenues sont dans la même galère; alors, pourquoi durcir encore le sort de certaines au motif qu'elles seraient plus coupables que d'autres ?
J'ai eu l'occasion de réagir là dessus, à Laval, lors du festival du film judiciaire, il y a quelques mois, durant la discussion avec une personne qui avait purgé une peine de prison.
Il a déclaré qu'il ne "tournait pas" (en promenade, on tourne en rond, faute de mieux) avec untel au motif qu'il était détenu pour une infraction à caractère sexuel ; je lui ai demandé de quel droit il rejugeait cette personne.
Non, je crois qu'il s'agit là d'une sorte de réidification d'une image de la part des personnes détenues qui adoptent une morale stricte, excluant certaines atteintes, jugées totalement inacceptables, à l'inverse de celles pour lesquelles elles sont incarcérées qui sont, par comparaison, beaucoup plus bénignes !
Le résultat est qu'une grande partie des personnes détenues est vouée à l'ostracisme des autres.
Lisez plutôt :
Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) :
Reçue à l'O.I.P. le 19 octobre 2011
"Nous sollicitons votre bienveillance au sujet d'une injustice qui concerne certains détenus de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.
En effet, tous les détenus incarcérés pour des délits à caractère sexuel sont constamment sous la menace d'agressions de la part des autres détenus et pour préserver notre intégrité physique nous restons enfermés en cellule 24 heures sur 24. L'injustice et le traumatisme psychologique que nous subissons est extrèmement grave.
Ce problème existe depuis plusieurs années et l'administration pénitentiaire nous méprise en ne faisant rien pour règler ce problème, c'est scandaleux et inadmissible!
C'est pourquoi nous vous informons qu' "une grève de la faim contre la double-peine" aura lieu dès le vendredi 28 octobre, nous espèrons toucher tous les détenus de France touchés par ce problème grâce à la médiatisation de cette affaire, et nous serions ravis si vous pouviez informer la presse télévisée de cet avis de grève.
Nos revendications: le droit aux promenades uniquement entre détenus incarcérés pour infractions à caractère sexuel (promenades et activités)
17 signatures
Cette demande ne nécessite pas l'adoption d'une loi mais un simple changement du fonctionnement de l'admionistration pénitentiaire.
Merci de nous aider à faire parler de cette grève de la faim".