L’édition de Paris
Normandie du jeudi 17 novembre a publié un article intitulé « Vent debout
contre la prison » dans lequel le maire de la commune de BOUVILLE était
interviewé pour dire tout le mal qu’il pensait de la proposition qui lui avait été
faite par la Préfecture d’accepter que le nouveau centre pénitentiaire soit
implanté sur son territoire.
Monsieur PETIT, maire,
s’exprime en ces termes : « Je
n’ai même pas écouté les arguments du secrétaire de la préfecture qui m’a
contacté au téléphone. Une prison à Bouville c’est non. Le village va déjà être
coupé par l’autoroute, avec peut-être une sortie sur la commune. Pourquoi pas
un aéroport, un EPR ou un centre
d’enfouissement des déchets ? ».
Ces propos, dont j’ai
la faiblesse de penser qu’ils n’ont pas véritablement été réfléchis, sont
choquants, voire odieux.
En effet, le premier
magistrat de la commune a cherché dans son esprit quelles étaient les nuisances
qui pouvaient le plus se rapprocher, selon lui, d’une prison, sauf que dans le
cas du centre d’enfouissement, il s’agit de déchets alors qu’une prison, ne lui
en déplaise, contient des êtres humains (il est bon de le rappeler, de temps en
temps, surtout en cette époque où le populisme sécuritaire fait rage !)
que quelqu’un puisse assimiler les deux m’inquiète au plus haut point !
Bon, c’est vrai qu’à sa
décharge, il n’a pas évoqué la station d’épuration (peut-être est-ce un
oubli ?)
Cette réflexion montre
à quel point le sentiment de rejet, d’exclusion est fort dans l’esprit de
nombre de nos concitoyens lorsqu’il s’agit d’évoquer les prisons ;
pourtant c’est bien au nom du peuple français que la Justice est rendue, qu’une
personne peut être amenée, parfois pour des infractions qui ne situent pas au sommet de la hiérarchie des crimes, à être parquée derrière les murs, pour de
nombreux mois ou années.
Doubler cette exclusion
d’une seconde consistant à rejeter ces établissement toujours plus loin, hors
des villes constitue un châtiment supplémentaire pour les personnes détenues,
mais aussi pour leurs familles qui, souvent nécessiteuses, doivent effectuer de
longs trajets, vers la ville principale, puis vers la prison, tributaires des
transports en commun (peu ont des voitures), des grèves, des retards (un retard
au parloir, pas de parloir).
Il est fondamental que
la nouvelle prison soit située le plus près possible de Rouen, à proximité d’une gare ou d’un réseau
dense de transports en commun (Oissel ou le Madrillet par exemple ; ce
second exemple est pertinent, le Zénith est si bien desservi !…) et puis,
après tout, il s’agit d’un devoir civique !
De plus,
symboliquement, il est important que les prisons soient au cœur des villes,
pour deux raisons.
Tout d’abord, cela
oblige à construire des prisons d’une taille réduite ; elles n’en seront
que plus humaines et cela obligera à réfléchir, d’une façon globale, à la
question de l’enfermement : qui doit aller en prison et pour combien de
temps ; y a-t-il des infractions qui pourraient être punies d’une autre peine
que la prison ?
Ensuite,
symboliquement, il me paraît important que le peuple français qui envoie des
personnes en prison ait sous les yeux les conséquences de ses choix, à une
époque où le tout carcéral est privilégié, où le président jure ses grands
dieux qu’il y aura à un horizon proche, 30 000 places de prison en
plus (gageons qu’elles seront très vite, sitôt construites, sitôt remplies,
confer la maison d’arrêt de Fleury Mérogis, immense complexe carcéral,
construit dans les années 60, actuellement surpeuplé et déjà très dégradé !).
Voilà, un coup de
gueule en réaction à un propos, apparemment anodin, qui soulève, pourtant,
moult interrogations !