A Fleury-Mérogis, où un tiers des 9.000 habitants travaille à la maison d'arrêt, Nicolas Sarkozy a été relégué à la 4ème place au premier tour de la présidentielle, victime de la désaffection des surveillants de prison qui manifestent depuis début avril.
Le candidat-président n'a obtenu, dimanche, que 16,10% des voix sur l'ensemble de la commune, arrivant derrière François Hollande (35,71%), Marine Le Pen (20,55%) et Jean-Luc Mélenchon (19,71%).
Dans les deux bureaux de vote accueillant des personnels pénitentiaires, il obtient 14,58% et 16,71%, et arrive en quatrième et troisième place.
"Beaucoup de collègues ont voté Nicolas Sarkozy en 2007, mais ils ont changé d'avis", constate Ludovic, surveillant à Fleury-Mérogis, habitant de la commune, et qui tient à conserver l'anonymat.
Selon lui, les problèmes de "pouvoir d'achat", et les "conditions de travail" des agents pénitentiaires sont en cause dans ces résultats: "On est toujours mis de côté dans notre métier, contrairement à la police. Et puis il y a le manque de personnel, la fatigue".
David Derrouet, maire (PS) de Fleury-Mérogis et suppléant de Malek Boutih pour les élections législatives de juin, met lui aussi en avant "le manque d'effectifs, dénoncé par la municipalité depuis deux ans et demi".
Il voit également dans ce vote une réponse à la "répression violente" donnée selon lui aux manifestations menées par les personnels pénitentiaires depuis le début du mois d'avril.
Contacté par l'AFP, Bernard Zunino, candidat UMP aux élections législatives dans cette circonscription, n'avait pas donné suite, mercredi après-midi.
Lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait recueilli 26,83% des voix sur la commune, et se plaçait en seconde position derrière la candidate PS Ségolène Royal (29,88%). Le FN arrivait ensuite, avec 12,02%.
Magali est également surveillante dans cette maison d'arrêt, et Floriacumoise (habitante de Fleury-Mérogis, ndlr). Très étonnée du classement des candidats, elle analyse la seconde place de Marine Le Pen comme "liée à l'insécurité, aux agressions de gardiens de prison".
Selon elle, si les bons résultats de François Hollande et Jean-Luc Mélenchon peuvent s'expliquer par le fait que "Fleury-Mérogis est une ville de gauche", la quatrième place de Nicolas Sarkozy est une "grosse punition".
A l'appel des syndicats FO et CGT-Pénitentiaire, des agents pénitentiaires manifestent depuis le début du mois d'avril, pour réclamer des recrutements et de meilleurs salaires.
Longtemps communiste, Fleury-Mérogis est dirigée depuis l'élection municipale partielle de 2009 par un maire socialiste.
La maison d'arrêt, plus grand centre pénitentiaire d'Europe, y a été ouverte en 1968. Alors que le nombre de détenus a battu un record historique en France (67.161), la maison d'arrêt des hommes de Fleury comptait 3.524 détenus au 1er avril pour 2.563 places, selon l'Observatoire des prisons (OIP).
© 2012 AFP