dimanche 5 juillet 2015

2 témoignages de détenus sur la médiation animale en prison‏


Illustration des interventions de l'association en milieu carcéral par le témoignage de 2 personnes détenues au Centre Pénitentiaire de Rennes / Vezin-le-Coquet ; A comparer avec le refus obstiné opposé à Nathalie MENIGON à ses demandes d'accueillir un chaton dans sa cellule.


1er témoignage: « Je suis en prison depuis des mois. J’ai de la chance c’est une prison presque neuve, douche dans la cellule, télé, surveillants pour la plupart relativement humains. Mais autour de moi, du béton, des grilles, des barbelés. En promenade, les mêmes têtes, les mêmes discussions sur les « exploits » de chacun.

Peu à peu, la liberté, celle de l’esprit s’en va aussi. Fini les projets pour après, ils disparaissent dans le brouillard de l’uniformité. Existe-t-il encore un extérieur, une vie où l’on décide soi-même de son avenir?

De l’autre côté de ces murs froids, y a-t-il réellement de VRAIS GENS? Puis, un jour je reviens de mes soins, ah oui! au fait, je suis en plus en fauteuil roulant! Je croise un homme tenant en laisse UN CHIEN!? Je ralentis, hésite, les salue et demande qui ils sont, curieux de ce duo. C’est Manu et Doug son compagnon à quatre pattes. Sympas, tous les deux! Manu m’explique qu’ils viennent toutes les semaines visiter ceux d’entre nous qui le veulent. Si je le veux? Et comment! Rendez-vous pris pour la semaine prochaine. Vendredi on frappe à la porte de notre cellule, ce qui en soit est étrange ici, Manu arrive, précédé de Doug. On se parle, hésitant, c’est dur dans cet endroit où l’on se méfie de tout, puis de plus en plus à l’aise. Doug nous rapproche, facilite le lâcher-prise et cela devient bon et simple. Nous parlons de nous, des beaux projets de Manu. Il est totalement investi dans l’aide, au travers de ses animaux, de ceux qui souffrent dans leur chair, leur esprit ou ceux, comme nous, qui souffrent du manque de liberté, d’odeurs du dehors. Réactivement par le fait, nos envies de dépasser notre faute, de l’accepter, de rendre notre punition utile. Alors DOUG et MANU, surtout revenez très souvent faire tomber ces murs de béton gris qui nous étouffent et continuez à nous donner l’espoir de revoir notre famille en étant restés des ÊTRES HUMAINS, tout simplement! Merci DOUG, Merci Manu. »

 2ème témoignage:

 « Dans la vie monotone d’un détenu,
Les visites sont toujours très attendues.
Un parloir est chaque fois le bienvenu,
Mais il y a aussi Doug et Manu.
Une semaine sur deux, nous entamons
Une nouvelle conversation
Sur les projets de son association,
Mais aussi de longues évocations
De nos expériences, nos émotions.

Mais c’est sans compter
Sur Doug et sa tranquillité,
Qu’il nous apporte pour un moment,
Sans l’ombre d’un jugement,
Le calme et la tendresse,
Que, sous son poil, on caresse.

La relation est palpable,
Sa présence devient indispensable.
 20, 30 minutes et c’est déjà la fin.
On va devoir attendre la visite prochaine,
Dans l’impatience, comme des enfants,
Pour vivre le futur instant,
Avec Doug et Manu. »

François Bès Observatoire international des prisons Coordination Ile-de-France/Outre-mer


A comparer : http://www.liberation.fr/societe/1998/08/17/pas-de-quartier-pour-les-filles-d-action-directe-aubron-et-menigon-sont-soumises-a-un-regime-carcera_243797


En effet, durant des années, l'Administration Pénitentiaire a refusé à Nathalie MENIGON qu'elle puisse bénéficier de la compagnie d'un chaton en cellule, cette compagnie animale étant considérée comme anormale (outre le fait que la vengeance de l'Etat pouvait également trouver à s'exprimer de cette façon-là).