Construit en 1970, le centre pénitentiaire de Polynésie accueille 420 prisonniers pour 165 places.(CGLPL/2011)
Les quatre représentants du contrôleur général des lieux de privation de liberté avaient été tellement choqués, en sortant, le 17 octobre 2011, du centre pénitentiaire de Nouméa, queJean-Marie Delarue, leur patron, avait pour la première fois utilisé "la procédure d'urgence"en rendant immédiatement public son rapport.
Vendredi 9 mars, une centaine de détenus ont annoncé, par le biais de leur avocate, qu'ils allaient réclamer à l'Etat une indemnisation financière. Le référé devant le tribunal administratif devrait être examiné dans les prochaines semaines et doit permettre aux plaignants d'obtenir des indemnités car cette prison n'est pas aux normes, a affirmé à l'AFP Me Cécile Moresco.
VENTILATEURS EN PANNE
Les contrôleurs, venus passer une semaine dans la prison, sans prévenir, avaient jugé qu'il y avait là "une violation grave des droits fondamentaux". Les détenus "sont entassés dans des cellules insalubres", avec une surpopulation de 300 % dans la maison d'arrêt : jusqu'à six personnes se serrent dans une cellule de 12 m2, en partie sur des matelas "posés à même un sol crasseux et humide où circulent des rats et des cafards". La chaleur est éprouvante, les ventilateurs en panne, les conduites d'arrivée d'eau des W-C détournées pour servir de douches et la prison sent l'égout. Nombre de lavabos n'ont pas d'évacuation - on met un seau dessous.
Dans le quartier fermé, réservé aux longues peines (jusqu'à perpétuité), 7 ou 8 personnes se partagent 24 m2. Il n'y a pas de rangements, on fourre les vêtements sous les lits, les grilles des ventilateurs servent à protéger la nourriture contre les rats, les W-C fuient.
Les cellules disciplinaires sont "dans un état répugnant", les murs "d'une saleté repoussante" avec des traces d'excréments. Il n'y a pas de travail en atelier, et les promenades sont brèves : "Les personnes sont par conséquent confinées dans leurs cellules entre vingt-deux et vingt-trois heures par jour."
Le ministre de la justice avait trois semaines pour répondre, il en a pris cinq pour expliquer que le projet de reconstruction de la prison, théoriquement livrée en 2017, se heurtait au refus de la ville de Nouméa de délivrer un permis de construire. Elle préfère construire sa prison en banlieue.