vendredi 18 novembre 2011

COUP DE GUEULE APRES UN ARTICLE DE PARIS NORMANDIE DU JEUDI 17 NOVEMBRE 2011



L’édition de Paris Normandie du jeudi 17 novembre a publié un article intitulé « Vent debout contre la prison » dans lequel le maire de la commune de BOUVILLE était interviewé pour dire tout le mal qu’il pensait de la proposition qui lui avait été faite par la Préfecture d’accepter que le nouveau centre pénitentiaire soit implanté sur son territoire.

Monsieur PETIT, maire, s’exprime en ces termes : « Je n’ai même pas écouté les arguments du secrétaire de la préfecture qui m’a contacté au téléphone. Une prison à Bouville c’est non. Le village va déjà être coupé par l’autoroute, avec peut-être une sortie sur la commune. Pourquoi pas un aéroport, un EPR ou un centre d’enfouissement des déchets ? ».

Ces propos, dont j’ai la faiblesse de penser qu’ils n’ont pas véritablement été réfléchis, sont choquants, voire odieux.

En effet, le premier magistrat de la commune a cherché dans son esprit quelles étaient les nuisances qui pouvaient le plus se rapprocher, selon lui, d’une prison, sauf que dans le cas du centre d’enfouissement, il s’agit de déchets alors qu’une prison, ne lui en déplaise, contient des êtres humains (il est bon de le rappeler, de temps en temps, surtout en cette époque où le populisme sécuritaire fait rage !) que quelqu’un puisse assimiler les deux m’inquiète au plus haut point !

Bon, c’est vrai qu’à sa décharge, il n’a pas évoqué la station d’épuration (peut-être est-ce un oubli ?)

Cette réflexion montre à quel point le sentiment de rejet, d’exclusion est fort dans l’esprit de nombre de nos concitoyens lorsqu’il s’agit d’évoquer les prisons ; pourtant c’est bien au nom du peuple français que la Justice est rendue, qu’une personne peut être amenée, parfois pour des infractions qui ne situent pas au sommet de la hiérarchie des crimes, à être parquée derrière les murs, pour de nombreux mois ou années.

Doubler cette exclusion d’une seconde consistant à rejeter ces établissement toujours plus loin, hors des villes constitue un châtiment supplémentaire pour les personnes détenues, mais aussi pour leurs familles qui, souvent nécessiteuses, doivent effectuer de longs trajets, vers la ville principale, puis vers la prison, tributaires des transports en commun (peu ont des voitures), des grèves, des retards (un retard au parloir, pas de parloir).

Il est fondamental que la nouvelle prison soit située le plus près possible de  Rouen, à proximité d’une gare ou d’un réseau dense de transports en commun (Oissel ou le Madrillet par exemple ; ce second exemple est pertinent, le Zénith est si bien desservi !…) et puis, après tout, il s’agit d’un devoir civique !

De plus, symboliquement, il est important que les prisons soient au cœur des villes, pour deux raisons.

Tout d’abord, cela oblige à construire des prisons d’une taille réduite ; elles n’en seront que plus humaines et cela obligera à réfléchir, d’une façon globale, à la question de l’enfermement : qui doit aller en prison et pour combien de temps ; y a-t-il des infractions qui pourraient être punies d’une autre peine que la prison ?

Ensuite, symboliquement, il me paraît important que le peuple français qui envoie des personnes en prison ait sous les yeux les conséquences de ses choix, à une époque où le tout carcéral est privilégié, où le président jure ses grands dieux qu’il y aura à un horizon proche, 30 000 places de prison en plus (gageons qu’elles seront très vite, sitôt construites, sitôt remplies, confer la maison d’arrêt de Fleury Mérogis, immense complexe carcéral, construit dans les années 60, actuellement surpeuplé et déjà très dégradé !).

Voilà, un coup de gueule en réaction à un propos, apparemment anodin, qui soulève, pourtant, moult interrogations !