dimanche 24 juillet 2011

Quelques textes et réflexions...suite...

Courrier reçu de mon confrère Philippe DENESLE, daté du 13 juin 2005 :

Mon cher confrère,

La presse s’est, une nouvelle fois, fait l'écho de vos succès. Et j'ai pensé à vous en lisant le texte d'un arrêté relatif aux transports d'animaux, quel rapport me direz-vous ? Ci-joint le texte. Voyez au titre 4, l'article 33. Si l'on exige d’un propriétaire d'animaux qu’il s'assure que ses animaux se supportent mutuellement… peut-être peut-on exiger au moins la même chose d’un directeur de prison pour ses pensionnaires.

Votre bien dévoué

Article 33 :

« Des animaux d'espèces différentes ne doivent pas être mis dans le même conteneur. En outre, des animaux de la même espèce ne doivent pas être mis dans le même conteneur sauf s'il est connu qu'ils se supportent mutuellement ».

Cette réglementation évoque pour moi une scène insoutenable survenue durant l’expertise de la maison d’arrêt de Troyes, au mois d’avril 2011.

Ce jour là, accompagné de ma stagiaire, et, bien sûr, des deux experts désignés par le Tribunal Administratif de Châlons en Champagne (un architecte et un pharmacien hygiéniste), nous avons parcouru le trajet emprunté par un détenu arrivant en détention.

Peu après les parloirs, nous sommes entrés dans une pièce d’environ 20 m² ; le long du mur de gauche, nous avons constaté la présence de grilles allant de gauche à droite et du sol au plafond, munies de deux portes, également grillagées, espacées du mur d’environ un mètre, délimitant ainsi un espace.

Nous avons interrogé le représentant de l’administration pénitentiaire sur la destination de ces cages, puisqu’il fallait bien les appeler ainsi.

Il nous a répondu qu’il s’agissait de la « salle d’attente » des parloirs !

Nous avons fait part de notre surprise ; pour nous, ces cages ne pouvaient, en tout état de cause, être considérées comme une salle d’attente ! mais bon…elles étaient vides ; nous avons poursuivi la visite de la maison d’arrêt.

Au retour, même chemin, en sens inverse ; cette fois-ci, nous arrivons dans cette pièce par l’autre porte ; les cages se trouvant sur notre droite…..elles étaient pleines d’êtres humains !!!

De toute ma vie d’Avocat, pourtant emplie d’images parfois très brutales, je n’ai ressenti un tel sentiment d’horreur, d’humiliation, de honte, face à un tel spectacle : des êtres humains en cage, entassés dans cet espace confiné, certains debout, d’autres assis (Ah oui ! il y a un banc fixé dans le mur à l’intérieur de cet espace…) tous serrés les uns contre les autres, des grands, des petits, tous regardant vers nous…j’ai vu les yeux de ma stagiaire s’emplir de larmes, les deux experts étaient tout blancs…j’avais la gorge serrée, envie de pleurer ; le représentant de la direction de la maison d’arrêt, certainement pas insensible par nature, mais vraisemblablement trop habitué à ce spectacle, ne réagissait pas. C’était la procédure prévue pour les parloirs !

Je n’osais pas regarder ces pauvres gens ainsi parqués ; l’un deux a capté mon regard…je lui ai dit : « ça fait drôle.. ! » (…parfois, on dit de des choses insignifiantes… !) ; il a acquiescé d’un signe de tête en me souriant.

Nous sommes vite sortis…c’était une horreur !

Là, je repense à cet arrêté du Ministère de l’Agriculture que m’a envoyé mon Confrère…