vendredi 24 février 2012

Le travail en prison : de plus en plus précaire



  • Photo : Thierry Creux
+ LIRE. Rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté

Le contrôleur général des lieux de privation de libertés publie son rapport annuel. Il y déplore le gigantisme des nouvelles prisons. Il y analyse le peu de travail offert aux détenus.
L’industrialisation de la captivité. Jean-Marie Delarue s’inquiète de ce qu’il appelle l’industrialisation de la captivité. Il plaide pour des établissements de petite taille. On en construit de plus en plus vastes, loin des centres-villes. Le confort des cellules est amélioré, les contacts humains plus rares. « Chacun, détenu ou personnel, se trouve dans une solitude accrue. » Plus insidieux encore, les nouvelles prisons ne sont plus pensées comme des lieux de réinsertion des condamnés, mais, avant tout, comme système d’évaluation de leur dangerosité présente et future. Aujourd’hui dit-il « on condamne au nom de la morale et on surveille au nom du risque. »
Travail précaire. Essentiel pour se réinsérer, cantiner, indemniser un tant soit peu les victimes, le travail en prison est rare et mal payé. Selon le calcul du contrôle général des lieux de privation de libertés, en 2010, sur les 63 000 personnes incarcérées, moins de 30 % accédaient à une activité rémunérée.
En prison, pas de contrat de travail, pas de droits sociaux similaires aux salariés, mais un « acte d’engagement » du détenu. Soit au « service général » de la prison - cuisines, nettoyage, maintenance… - soit pour le compte d’un concessionnaire, une entreprise privée qui installe des ateliers au sein même de la prison. La situation économique environnante pèse évidemment sur cette offre de travail jugée notoirement insuffisante. « Le travail en prison, quand il y en a, reste un travail précaire » affirme le rapport.
Deux euros de l’heure. Quant aux rémunérations elles sont théoriquement, pour les métiers de production, de 45 % du Smic, soit 4,15 € de l’heure. Pour le service général, elles varient de 3,04 € à 1,84 € de l’heure. Ces chiffres devraient être un minimum. En réalité notent les contrôleurs, ce sont des maximums. Et dans la pratique, le salaire moyen mensuel varie d’un établissement à l’autre. Ici, au service général il s’élève à 244 €, ailleurs à 187 €. Les écarts sont tout aussi importants dans les ateliers de production.
Les fouilles humiliantes. Le rôle de la fouille des détenus est de dénicher des objets et des substances interdites provenant de l’extérieur (parloirs). Elle est aussi de dissuader et de maintenir l’ordre et la sécurité en prison. Depuis la loi pénitentiaire de 2009, elles sont officiellement très encadrées. Elles ne doivent pas être systématiques, humiliantes, dégradantes, notamment la fouille corporelle à nu du détenu. Dans les faits, constatent les contrôleurs, depuis le vote de la loi, « aucune évolution ». Statu quo.
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