vendredi 24 février 2012

La France condamnée pour des soins inaptes à un malade mental en prison (CEDH)


STRASBOURG (Conseil de l'Europe), 23 fév 2012 (AFP) - La Cour européenne 
des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour avoir emprisonné 
un détenu souffrant de graves troubles mentaux au lieu de le faire interner en 
établissement spécialisé, une mesure manifestement inadaptée pour traiter le 
malade.
Le requérant, actuellement interné dans un centre hospitalier à Marseille, 
est atteint d'une psychose chronique de type schizophrénique. Sa maladie 
génère des troubles hallucinatoires, des délires ainsi que des conduites 
agressives et addictives.
En août 2005, alors qu'il était détenu dans un centre pénitentiaire, un 
incendie s'était déclaré dans la cellule et son co-détenu était décédé quatre 
mois plus tard des suites de ses blessures. Mis en examen pour destruction dun 
bien par incendie ayant entraîné la mort, il avait été jugé apte à comparaître 
par une expertise psychiatrique. En novembre 2008, le requérant avait été 
condamné à 10 ans de prison par la cour d'assises du Var et incarcéré à 
Marseille.
Mais en appel, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône avait déclaré le 
requérant irresponsable pénalement et ordonné son hospitalisation d'office. 
Entre 2005 et 2009, le détenu avait fait plusieurs séjours dans des 
établissements spécialisés pour apaiser ses crises.
Dans son arrêt, non définitif, la CEDH estime "qu'il était vain d'alterner 
les séjours à l'hôpital psychiatrique, trop brefs et aléatoires et les séjours 
en prison, incompréhensibles et angoissants, d'autant plus que le requérant 
était dangereux pour lui-même et pour les autres".
La cour de Strasbourg note aussi que l'"extrême vulnérabilité" du malade 
"appelait des mesures aptes à ne pas aggraver son état mental, ce que les 
nombreux allers-retours entre la détention ordinaire et les hospitalisations 
n'ont précisément pas permis".
Elle a condamné la France à verser 10.000 euros pour dommage moral au 
requérant.